
Champéry la piste des championnats du monde de VTT DH
Quand j’ai entendu que l'étape de Champéry était revenue dans le calendrier de la DH en 2024 et en plus annoncée comme lieu des championnats du monde de DH en 2025, j’ai littéralement eu un flashback de 2011.
Je me suis alors penché sur l’histoire de cette piste, aussi brutale que belle, jusqu’à nos jours. « Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre » comme qui dirait ce bon vieux Aznavour.
Alors pour commencer une petite cure de jouvence ça vous dit ?


Bon 20 ans ou presque, car je vous emmène en 2006 sur les terres helvétique dans une station de la région des Dents du Midi faisant partie du royaume des « Portes Du Soleil », Champéry et plus précisément sur la piste de DH Coupe Du Monde.
En effet c’est en 2006 que la piste voit le jour et celle-ci a demandé un travail monstrueux de la part de Vélosolutions, entreprise travaillant pour la création de pumptrack, Bike Park, Trail Park, bref tout ce qui touche au vélo.
C’est ni plus ni moins sur une pente extrêmement raide que les gaillards ont donné naissance à la piste de la DH Cup tout en respectant les normes de l’UCI pour une piste de compétition.
Inutile de préciser que la piste est classée noire mais pas une simple noire puisqu’elle est destinée à la compétition de haut niveau. On parle d’une piste « élite » ce qui évoque encore plus de difficulté comparé aux pistes que l’on a l’habitude de rouler… ou non.
Les travaux n’ont pas été de belles vacances dans les bois en montagne, mais en 1 an la piste était prête et Champéry.

En 2007, accueille sa première étape de coupe du monde de DH de son histoire.
La piste est d’un tel engagement qu’elle fait parler d’elle lors de l’étape de coupe du monde et attire, plus tard, des riders amateurs (avec un bon coup de guidon) pour s’y mesurer ou se casser les dents.
On peut même dire que c’est l’une des pistes les plus exigeantes au monde de par sa technicité et son dénivelé négatif si l’on ramène cela au calendrier de la coupe du monde de DH. (la plus longue étant l'étape de Fort William en Ecosse)
Le premier à être sorti vainqueur de cet enfer à Champéry est le pilote Finlandais de la Team G-Cross Honda Matti Lehikonen avec 4 :10.2.
Derrière nous retrouvons en 2ème place le grand Steve Peat du Santa Cruz Syndicate et en 3ème un tout aussi grand Sam Hill avec la Iron Horse Monster Energy Team, avec un écart pour les 2 de 1 seconde 60!.
Hélas pas de Cocorico sur le podium cette étape-là chez les hommes puisque notre Nico Vouilloz national termine à la 63ème place, Cedric Gracia 52ème et Fabien Barel 4ème tout de même.
Chez les femmes, le triplé français n'était pas loin, puisque Emmeline Ragot et Sabrina Jonnier respectivement 2ème et 3ème se plaçaient derrière Marielle Saner alors la première femme à avoir remporté l’étape de Champéry avec 4 :59.22 soit un peu moins de 2 secondes derrière
nos françaises.

La piste prend en 2008 une année sabbatique, le cirque ambulant de la coupe du monde n’y avait pas lieu mais les amateurs avait quand même accès à la piste.
Il faut attendre 2009, date à laquelle la piste se fait une petite beauté pendant 1 an avec de nouveaux aménagements des parties de la piste
retravailler/changer, bref, tout mettre en ordre pour la coupe du monde de 2010.
En 2010 les spectateurs ont l’agréable surprise d’avoir une belle B-zone pour se casser la rétine sur le balai incessant mais envoutant des pilotes pro et de hurler à plein poumons pour encourager ces soldats qui se mesurent une nouvelle fois à l’enfer.
Certaines zones média ont été ajoutées à des points stratégiques pour retranscrire au mieux les images et vidéos à tous ceux qui n’ont pas pu y assister.
Cette année-là Gee Atherthon nous lâche un run monstrueux qui le place sur la plus haute marche du podium en 4 :02.19 soit 8 secondes de moins qu’en 2008.
Derrière, à moins de 3 et 5 secondes se trouvent Greg Minnaar et Brendan Fairclough.
Chez les femmes, là, c’est cocorico puisque les 4 premières places sont occupées par des françaises avec pour sacre Emmeline Ragot qui nous sort le meilleur temps 5 :27.25 suivi de Sabrina Jonnier, de notre Pompom Myriam Nicole et de Floriane Pugin.
Là pour le coup on prend 28 secondes en plus comparé au timing de 2008.

Vient alors 2011, légendaire, historique pour la DH si bien que quand on évoque Champéry, on pense à 2011 pour les connaisseurs.
Cette année-là Champéry a le privilège d’accueillir un moment Ô combien important pour les pilotes : le championnat du monde de DH.
Une guerre sans merci sur une piste aussi technique que brutale se déclare mais un élément perturbateur de taille vient se rajouter à ce championnat : la pluie.
Imaginez rouler une piste réputée la plus exigeante au monde dans le circuit de la DH où l’erreur se paie cash avec en plus de ça une bonne pluie. Voilà ce qu’on vécut les pilotes cette année-là, un carnage total. Mais il y en a un qui a fait vibrer l’univers de la planète VTT, et qui jusqu’à la fin des temps restera l’un des run de DH les plus mythique de l’histoire, Danny Hart.



Comment ne pas oublier la voix si emblématique de Rob Warner, au côté de Nigel Page, qui durant le run de Danny Hart nous lâche des phrases comme « Stay on your Bike Danny !!! » « How does Danny Hart sit down with balls that big ! » « He’s going to smash it » et bien entendu le fameux « Oh my God look at the time ! » à la fin.
Pour cause, Danny Hart franchit la ligne d’arriver avec exactement 11.699 seconde d’avance sur le français Damien Spagnolo se permettant même avant de franchir la ligne sur les dernières sauts de nous balancer un whip magnifique pour ne pas dire insolent.
Un moment hors du temps faisant maintenant partie des archives de la DH.
Danny Hart devient champion du monde à Champéry en 3 :41.989 à l’âge de 19 ans.
Chez les femmes, Emmeline Ragot devient championne du monde avec 4 :54.012 devant une certaine Rachel Atherton.
L’histoire est faite, le souvenir de Champéry est à présent lié à une date, 2011, à un commentateur, Rob Warner et à un pilote, Danny Hart.
S’en suit un grand vide pour la piste de Champéry, après les championnats du monde de 2011 la station n’a plus accueilli de coupe du monde de DH.
Il faut attendre 2024 soit 13 ans pour voir Champéry dans le calendrier qui a accueilli les championnats d’Europe de DH.
On parle de plus de 600 pilotes inscrits pour cet évènement preuve de l’engouement pour cette piste.
Grace aux vidéos de Fast as French de Flo Letondeur, on a pu voir que la piste suscite les mêmes émotions chez les pilotes et qu’elle reste toujours aussi sévèrement engagée.

Elle n’a pas perdu de sa réputation, ça tape fort, ça souffre et les pilotes sont soumis à rude épreuve.
Une remise en état a été effectuée pour accueillir les futures hostilités avec l’aide de l’armée Suisse qui au côté de l’équipe de Ben Walker chargé du shape de la piste ont travaillé notamment sur l’accessibilité des spectateurs tout le long de la piste en créant par exemple des escaliers et en améliorant la B-zone déjà existante.
Chez les hommes Andreas Kolb remporte la victoire avec 3 :02.61 (1 minute et 8 secondes de moins qu’en 2006) et chez les femmes c’est Lisa Baumann avec 3 :33.50 (1 minute et 26 secondes de moins qu’en 2006).
Une belle occasion pour les pilotes de se familiariser ou se remémorer la piste puisque Champéry revient dans le calendrier de la coupe du monde de DH du 2 au 7 juillet 2025 avec comme statut, hôte des Championnats du monde 14 ans après.
Ce championnat européen était pour les organisateurs un test grandeur nature en vue des championnats du monde aussi bien en termes de logistique, de secours et bien sûr de la retransmission en live.
L’occasion également pour Ben Walker et des organisateurs de récupérer les avis des pilotes en vue d’ajuster certains détails de la piste pour 2025 où des choses seront revues et remis en état (600 pilotes qui passent plusieurs fois en un week-end sur la même piste ça fait des dégâts...).

La volonté qui en ressort pour 2025 est d’être crédible par rapport aux attentes des pilotes mais aussi accessible pour les spectateurs afin qu’ils ne puissent pas uniquement regarder sur grand écran les runs des pilotes. L’envie de bien faire pour remettre Champéry dans le calendrier de la DH pour les prochaines années à venir.
Du grand spectacle se profile à l’horizon des frayeurs également mais une chose est sûr ce sera certainement un grand moment et le nouveau sacre d’une et d'un pilote se feront.
Show must go on !
Par Gaêtan Perrin : nouveau venu dans l'équipe Où rouler, pratiquant passionné de DH, pumptrack et enduro, mécanicien et qui n'hesite pas à prendre la pioche ou la plume pour partager sa passion